L’être humain est seul. Parce qu’il est… UNIQUE.
Unique, la science, la biologie génétique nous l’apprend: chaque être humain (sauf les jumeaux issus du même œuf, les jumeaux monozygotes) a un capital génétique unique. Ce caractère unique de l’individu est confirmé quotidiennement par la psychologie: chaque enfant, né du même père et de la même mère, a une façon de se comporter, de voir, de sentir et ressentir les choses de la vie, une appréhension de son temps et de sa vie totalement unique.
L’être humain est seul, mais il n’existe que dans la relation à l’Autre, que par rapport à l’Autre. Un signe de plus du caractère fondamentalement paradoxal de la vie: plus la structure vivante se complexifie, plus elle n’existe que dans la relation. Cela veut dire que s’il n’y avait pas l’Autre, quel qu’il soit, à côté de nous depuis notre conception, nous ne serions pas ici…
Face à l’autre, deux attitudes négatives sont possibles et constituent en réalité des impasses empêchant d’aboutir à sa connaissance et à sa compréhension, la première consiste à ne prendre en considération que l’extériorité de l’autre pour n’en faire qu’une chose, tandis que la seconde ne tient compte de ma similitude avec autrui pour ne le juger qu’en fonction de mes propres critères. Ce qu’il y a de plus difficile à comprendre en l’autre c’est sa différence. Ainsi, nous comprenons très bien l’autre lorsqu’il réagir comme nous à certaines situations, mais nous avons du mal à comprendre pourquoi il se comporte différemment. L’enfant ne va grandir, mûrir et devenir un adulte autonome, responsable et capable de vivre harmonieusement avec l’Autre, que si les moyens lui en sont donnés très tôt. C’est-à-dire apprendre qui il est, par rapport à sa mère, son père, sa place dans la fratrie, les liens entre les générations, sa place dans la famille en tant que “descendant de” et “individu unique”, apprendre à grandir physiquement et psychologiquement, c’est-à-dire à gérer et canaliser ses pulsions, être responsable, autonome et créateur. Et ce, dans un dialogue permanent. La racine grecque est dia (distinct) et non pas di (deux). Le dialogue est une parole qui passe entre des personnes distinctes et non pas une conversation entre deux personnes. Il n’y a dialogue et donc relation que si nous considérons l’Autre comme radicalement distinct, différent, unique.
Mais alors, si je ne puis comprendre et connaître l’autre en établissant une analogie entre moi et lui quel chemin prendre peut s’offrir à moi pour y parvenir ?
Ne vaut-il pas mieux avant de connaître autrui, tenter de mieux se connaître soi-même, et surtout prendre en considération le rôle joué par autrui dans la connaissance de soi ?
En effet, aurai-je la même perception de mon être sans la présence d’autrui, la conscience de soi serait-elle aussi aigüe dans la solitude ?
En un certain sens, la problématique de la relation à l’autre ne se pense pas en termes de connaissance mais plutôt de reconnaissance. Je vous renvoie ici aux réflexions fondatrices de Sartre (l’Etre et le néant) et de Hegel (Phénoménologie de l’Esprit).
A suivre…