Charisme….ce ‘petit truc en plus’, terme toujours un peu obscur et qui traduit la capacité à séduire, à fasciner, à influencer, et à entraîner des gens derrière soi sans raison objective.
1/ le charisme n’est pas inné. : C’est comme pour tout : certains ont plus de facilités que d’autres. Rappelez-vous quand vous avez appris à conduire…. Et je ne vous parle pas d’apprendre à marcher- Un bébé tombe 1 million de fois en moyenne : donc certains plus que d’autres
2/ Si ce n’est pas inné, c’est que cela se travaille, et c’est important de le travailler car selon une étude menée en 2009 par le centre de recherche de l’EDHEC auprès de cadres dirigeants français, le charisme constitue le noyau central de la représentation du leadership. Or, 75% des cadres supérieurs placent le développement du leadership en tête des priorités pour les entreprises d’après l’étude du Global Leadership Forecats 2008_2009.
3/ Dans cette étude, le charisme est associé à une personnalité dotée d’une présence forte, d’une vision, d’un talent oratoire et d’une forme de « magie » ou « d’aura ». Nous avons quelques minutes pour tenter de percer le mystère du charisme. Donc n’aborderons qu’un des thèmes : LA PRESENCE FORTE.
Une présence forte.
Cela n’a rien à voir avec la force telle que nous l‘entendons mais cela suggère que nous avons à être en PRESENCE REELLEMENT. En coaching, on traduit cette présence par le ICI et MAINTENANT. Etre ici et maintenant signifie que tout notre être est tourné vers ce qu’on est en train de faire et notamment si nous sommes en communication avec l’autre à ce moment là, que nous sommes en totale projection vers l’autre. Ce n’est pas le moment de penser qu’on a oublié d’éteindre son ordinateur. Encore moins le moment de penser à soi avec des questions du style : est ce que je suis bien là au moment où je parle ? Ai-je dit les bons mots ? ou autres pensées tournées vers son égo plutôt que vers l’autre. Cette présence est dont une présence à l’autre entière.
Elle suggère qu’on prenne l’autre en considération. Prendre l’autre en considération, qu’est que cela veut dire ?
En fait, comment vivons-nous souvent la relation à l’autre ? …. Par la ressemblance, la plupart du temps, nous recherchons la ressemblance….
Or c’est avec la conscience, l’acceptation et la prise en compte de la différence, que nous prenons l’autre en considération.
Quelle est l’émotion qui nous empêche de faire cela bien souvent ? La peur…
Nous avons 2 routes dans notre cerveau : la route haute, celle de la raison, et a route basse, plus rapide, qui est celle de nos émotions. Nous sommes très guidés par nos émotions. Or nous savons maintenant, depuis que nous pouvons faire des expériences avec les IRM, que nous sommes dotés de neurones miroirs. Ainsi, toute interaction provoque un transfert d’émotions. Autrement dit, les émotions sont contagieuses. Nous attrapons les émotions des autres comme des virus en positif et en négatif et nous avons une forte tendance à imiter ce qu’on voit faire. Donc quand nous ressentons la peur, il y a de grandes chances pour que celui qui est en face ressente la même chose !!! Vous imaginez le résultat ?
Bien sûr, ne pas avoir peur nécessite de cultiver la confiance en soi, mais sans nul doute une certaine dose de confiance en l’autre, et dans nos capacités mutuelles et somme toute neuronales, à créer un lien qui peut être positif pour chacun.
Je rajouterai bien un point qui me paraît fondamental et qui sera mon conseil du jour.
Lorsque j’ai fait mon cursus avec la Columbia Business Scholl de New York sur le Personal Leadership, dans les 5 piliers du Personal Leadership que je lie très fort avec notre sujet du charisme, il y a une pilier qui est l’amour. J’aimerai rajouter quelques mots aujourd’hui sur ce sujet.
En France, nous avons un peu de mal avec ce mot quand on le rapporte au Leadership. Dans ce contexte dans lequel il est utilisé aux USA, il me fait penser au mot grec Agapé.
Dans la Grèce Antique, on utilisait 4 mots pour exprimer « aimer » : Eros, pour l’érotisme, la passion, Storgé qui concerne plutôt les membres de la famille, Philos, s’adressant aux amis (habituellement 4 ou 5 personnes), Agapé, pour toutes les autres personnes. D’une manière générale, agapé, c’est l’amour dont parlent les évangiles (spiritualité chrétienne), ou bien la compassion (spiritualité bouddhisme), c’est le « tu aimeras ton prochain comme toi-même », traduit de la Torah par « tu aimeras, en allant vers ton prochain », c’est la bienveillance dont on parle en développement personnel. Cet amour là nous permet de nous intéresser à l’autre, souhaiter qu’il aille bien, qu’il soit en bonne santé, ou même heureux. Il nous permet de respecter sa dignité et de le prendre en considération. Ainsi, Agapé est nécessaire dans toutes organisations humaines parce qu’Agapé, c’est considérer les autres : les écouter, comprendre leurs besoins ou leurs manques, les accompagner quand cela est nécessaire.
Agapé c’est un peu le synonyme de notre mot bienveillance, qui a lui même pour synonyme la compréhension, la cordialité, l’indulgence, la prévenance, la sympathie, l’amabilité. Tous ces mots recouvrent des manières d’être avec les autres qui ne sont pas neutres, et encore moins distantes. Ainsi, la bienveillance implique un lien affectif qui met en œuvre notre capacité à apprécier les autres, voire à les aimer. Nous sommes bien dans le registre de l’émotion.
La bienveillance permet la confiance nécessaire entre des personnes qui doivent interagir. Et de quelle magie parle-t-on dans la charisme, si ce n’est celle de la confiance ? Parler de charisme aujourd’hui, c’est admettre que rien n’est possible sans Agapé ou bienveillance.